Eric  ZEMMOUR

 

 

 

              SA VISION  

 

 


   
 Eric Zemmour : « On cherche à m’éradiquer »



  Le polémiste Eric Zemmour, dont l’émission « Zemmour & Naulleau » est promue ce soir à 20 h 40 sur Paris Première, revient sur sa saison compliquée.

   Eric Zemmour possède désormais deux rendez-vous réguliers : il anime avec Eric Naulleau une émission sur Paris Première et participe quotidiennement à une table ronde d’éditorialistes sur RTL.

   Habituellement diffusé le vendredi soir en deuxième partie de soirée, « Zemmour & Naulleau », le talk-show qui réunit les anciens polémistes de Laurent Ruquier - arbitrés depuis cette saison par la journaliste Valérie Brochard-bénéficie ce soir (Paris Première, 20 h 40) d’une diffusion exceptionnelle en direct et en prime time.

  L’émission spéciale sera consacrée aux deux ans qui nous séparent de la prochaine présidentielle, avec notamment un duel entre Marion Maréchal Le Pen et le socialiste Jean-Marie Le Guen. L’occasion de revenir sur la saison mouvementée vécue par Eric Zemmour, évincé d’i>télé en décembre après des propos polémiques sur les musulmans tenus dans la presse italienne.


  Vous voilà promu en première partie de soirée pour la dernière de la saison. Un avant-goût de l’année prochaine ?

 
ÉRIC ZEMMOUR. J’imagine que c’est peut-être un test pour la saison prochaine, mais il faut demander à la chaîne, ce n’est pas de mon ressort. Je le prends plutôt comme un cadeau pour terminer la saison en beauté. Même s’il y aura sans doute un peu plus de nervosité et de vivacité que d’habitude, ce n’est pas une révolution, puisque je fais toujours comme si nous étions en direct.

  Depuis votre éviction d’i>télé en décembre, vous parlez de mise à mort médiatique. Vous êtes pourtant régulièrement à la télévision ou à la radio…
 

  Il y a une grande différence entre présenter une émission et être simplement invité dans un programme qui n’est pas le sien ! Beaucoup font cet amalgame, volontairement ou non. Je ne vois pas d’autre terme que celui de mise à mort : il y a clairement une volonté de m’éradiquer des médias de la part de certains… Comment appelez-vous le fait que le président de la République dise que mon livre n’est pas digne d’être lu, que le Premier ministre ou la société de journalistes de RTL demandent mon renvoi ?… « Dans les régimes totalitaires, on ne sait jamais si on est attaqué par le haut ou par le bas », disait Soljenitsyne. Selon moi, cette définition s’applique à la France d’aujourd’hui.

  Vous avez toujours votre émission sur Paris Première, et on vous entend sur RTL…
 

  On essaie de m’éliminer petit à petit. L’appel a été entendu par i>télé, par Laurent Ruquier… Heureusement pas par tout le monde. Je rends hommage à ceux qui ont eu le courage de me défendre, à un moment où ma liberté d’expression est menacée. C’est une question de courage : Christophe Baldelli à RTL ou mes employeurs à M 6 et Paris Première en ont eu, et je leur suis très reconnaissant. Si le patron d’une grande chaîne vous appelle, vous pourriez accepter ? Je ne fais d’appel du pied à personne, je suis très content où je suis. Après, les gens de la télé savent que je ne transige pas sur ma liberté de ton, ou plutôt de fond : ou elle est totale, ou je ne viens pas.

   Laurent Ruquier a récemment dit qu’il regrettait de vous avoir donné la parole aussi longtemps dans « On n’est pas couché » sur France 2…
 

  Je ne souhaite pas polémiquer avec lui. Il dit ce qu’il veut, et les gens jugeront.

  Que vous inspire son choix de remplacer Aymeric Caron par Yann Moix la saison prochaine ?
 

  Je m’en moque. Je ne suis pas propriétaire de la fonction que j’ai occupée pendant cinq ans ! Je trouve Yann Moix sympathique et talentueux, nous avons eu de très bons échanges sur le plateau d’« On n’est pas couché » à l’époque. Je l’avais éreinté, mais il a su se défendre, c’était un combat à la loyale.

 
(Propos recueillis par R.P, 04 Mai 2015)

 

 

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  Texte intégral de l’intervention d’Eric Zemmour au tribunal mercredi 24 juin 2015

  « Je vous avoue que j’ai longuement hésité à venir à l’audience. Mon avocat me déconseillait plutôt de me déplacer, pour conserver, disait il, aux débats leur caractère technique. J’ai décidé pourtant d’assister à cette audience. D’abord par respect des magistrats, de la cour, et au delà des institutions de la République. Mais aussi par curiosité. Je voulais comprendre ce qu’on me reprochait. Comprendre quelle loi ou quelle partie de la loi j’avais enfreint. Après tout, nul n’est censé ignorer la loi. Je voulais comprendre pourquoi le procureur, le représentant de l’Etat, m’attaquait pour des propos qui ne faisaient pourtant que décrire des faits, une réalité, amplement retranscrite : « des bandes étrangères venues d’Europe de l’Est écument notre pays », ça passe ; mais quand on dit : « des bandes de tchétchènes, Kosovars, Roms dépècent, dévalisent, violentent, ou dépouillent », ça ne passe pas. Lui n’est pas déféré, moi, je le suis.

  Je comprends bien le point de vue du procureur : il favorise la concision. L’ellipse est préférée à la description clinique. Madame le procureur préfère la pudeur des impressions à l’impudeur du réalisme. Mais cette querelle littéraire est-elle de la compétence de ce tribunal ? Il faut alors qu’elle aille au bout de cette logique littéraire. Qu’elle m’indique les bons mots et les mauvais mots, les mots autorisés et les mots interdits. Qu’elle redéfinisse les canons de la profession de journaliste. Que celui-ci ne soit plus tenu d’informer de ce qu’il voit, mais d’abord d’informer ce qu’il ne voit pas, mais qu’il est bon de voir.

  J’avoue ma perplexité. Je n’ose penser que ce ne sont pas les mots qui comptent, mais ma personne. Il y a quatre ans, le procureur m’avait expliqué que ma notoriété fort grande avait pour corollaire une responsabilité aussi grande. Je constate qu’en quatre ans, j’ai encore pris du galon, puisque je suis davantage responsable, et donc davantage condamnable, qu’un ministre de l’intérieur lui-même.

   Mais j’ai compris en écoutant avec soin ces débats, que ce ne sont ni mes mots ni ma personne qui importaient, mais mes pensées. Même pas mes pensées, mais mes arrière-pensées. Dans le passé, nous avions ainsi le tribunal de l’Inquisition qui dénichait la persistance des pensées hérétiques chez des marranes convertis au catholicisme. Nous avons eu plus récemment les grands procès staliniens qui traquaient les intentions contre-révolutionnaires.

  A la suite de la parution de mon livre, le Suicide français, le premier secrétaire du parti au pouvoir avait dénoncé la zemmourisation de la société. Le premier ministre avait expliqué que mon livre n’était pas digne d’être lu, le ministre de l’Intérieur avait appelé à manifester contre moi, et le président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale avait sollicité de mes employeurs qu’ils mettent fin à mes collaborations à leurs medias.
  Marie-Anne Chapdelaine, Une députée d’Ille-et-Vilaine, me chassait carrément de France : « Monsieur Zemmour, la République, on l’aime ou on la quitte ». Aujourd’hui, je vis la version judiciaire de cette offensive médiatico-politique. On prétend faire du droit, mais derrière les arguties, ce n’est qu’une bataille politique pour me faire taire.

  Il y a six mois, des millions de Français défilaient dans la rue pour défendre la liberté d’expression. Les malheureuses victimes de Charlie Hebdo avaient subi aussi une condamnation judiciaire venue d’un tribunal islamique qui les avait condamnés à mort pour blasphème. Si je comprends bien ce qui m’est reproché, la liberté d’expression, c’est bon pour les dessinateurs de Charlie, mais ce n’est pas bon pour moi. Parce qu’eux sont gentils, et moi, je suis méchant. Eux ont des bonnes arrière-pensées, et moi j’en ai de mauvaises. Si je comprends bien, nous vivons toujours sous le règne de la phrase de Saint-Just : « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Cela s’appelait la Terreur. »

  Eric Zemmour

 

 

 

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