DENIS TILLINAC

 

 

           TEMOIGNAGES                                                      



 

 
Zemmour, Villiers, Sarkozy, Raspail... 30 personnalités signent l'appel de Denis Tillinac pour préserver nos églises

 
  " Certaines déclarations récentes appelant à ce que des églises soient transformées en mosquées ont provoqué chez les Français une émotion susceptible de favoriser les pires amalgames en ces temps où le terrorisme islamiste ensanglante la planète et commet des crimes en plein Paris. Elles offensent gravement les catholiques, ainsi que de nombreux imams attachés à la singularité de leur foi et de leur pratique cultuelle.

  Une église n’est pas une mosquée, et prétendre que “ les rites sont les mêmes ” relève d’un déni de réalité scandaleux. Croyants, agnostiques ou athées, les Français savent de la science la plus sûre, celle du coeur, ce qu’incarnent les dizaines de milliers de clochers semés sur notre sol par la piété de nos ancêtres : la haute mémoire de notre pays. Ses noces compliquées avec la catholicité romaine. Ses riches heures et ses sombres aussi, quand le peuple se récapitulait sous les voûtes à l’appel du tocsin. Son âme pour tout dire. De Michelet à Marc Bloch, aucun de nos historiens n’a méjugé cette évidence. Les maires de nos communes rurales, fussent-ils allergiques au goupillon, entretiennent tous leur église avec une sollicitude filiale. Elle ennoblit leur village ; à tout le moins, elle le patine et ils en conçoivent une fierté légitime.

  L’angélus que sonnent nos clochers scande le temps des hommes depuis belle lurette. Sur celui du tableau de Millet, il a beau n’être qu’un point infime à l’horizon, il atteste une pérennité culturelle par-delà les aléas historiques. Feu le président Mitterrand connaissait les ressorts intimes de l’imaginaire national : un vieux clocher d’église se profilait sur ses affiches électorales, et sa symbolique n’avait pas de connotation cléricale. Elle racontait l’histoire de France dans une langue accessible à tous nos compatriotes. Ils tiennent à la laïcité de l’État et à la liberté de conscience et de culte qu’il lui incombe de protéger. Pour autant, ils ne peuvent tolérer la perspective d’une pratique religieuse autre que catholique dans leurs églises. Même celles de nos campagnes, souvent vidées de leurs paroissiens par l’exode rural. Elles continuent de témoigner ; leur silhouette au-dessus des toits contribue à un enracinement mental dont nous avons tous besoin pour étayer notre citoyenneté. Du reste, rien ne prouve qu’elles resteront vides ad vitam aeternam.

  La France n’est pas un espace aléatoire, et elle n’est pas née de la dernière pluie médiatique : quinze siècles d’histoire et de géographie ont déterminé sa personnalité. Cet héritage nous oblige, de quelque souche que nous provenions et de quelque famille politique que nous nous réclamions. Inscrits au plus profond de notre paysage intérieur, les églises, les cathédrales, les calvaires et autres lieux de pèlerinage donnent sens et forme à notre patriotisme. Exigeons de nos autorités civiles qu’il soit respecté ! Le confusionnisme trahit une méconnaissance de notre sensibilité et ferait peser une menace sur la concorde civile s’il n’était clai rement récusé au sommet de l’État.

  Denis Tillinac, 08 juillet 2015.


 
Les premiers signataires :

 Charles Beigbeder, chef d’entreprise ; François-Xavier Bellamy, philosophe ; André Bercoff, écrivain ; Jeannette Bougrab, ancien ministre ; Pascal Bruckner, philosophe ; Jean Clair, de l’Académie française ; Chantal Delsol, de l’Institut ; Alain Finkielkraut, de l’Académie française ; Marc Fromager, directeur national de l’Aide à l’Église en détresse ; Gilles-William Goldnadel, avocat ; Basile de Koch, humoriste ; Alain Maillard de La Morandais, prêtre ; Élisabeth Lévy, essayiste ; Véronique Lévy, écrivain ; Sophie de Menthon, chef d’entreprise ; Thibault de Montbrial, avocat ; Camille Pascal, écrivain ; Jean-Robert Pitte, de l’Institut ; Jean Raspail, écrivain ; Ivan Rioufol, journaliste ; Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef ; Nicolas Sarkozy, ancien président de la République ; Jean Sévillia, historien ; Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC ; Jean Tulard, de l’Institut ; Philippe de Villiers, ancien ministre ; Éric Zemmour, essayiste. "

 




                                                                                                                                        ******


 

 

      
  Dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles (30/12/2014), Denis Tillinac s’étonne du fait que la « droite » ne se soit pas mobilisée face à l’agression haineuse dont Eric Zemmour est la victime depuis quelques semaines. Son étonnement traduit parfaitement la faiblesse des analyses de beaucoup de supporters de la « droite » qui continuent de penser que cette dernière porte les couleurs du conservatisme et de la tradition alors qu’elle est devenue tout autre chose que ce qu’elle était voilà encore quelques décennies.

  Le grand mérite des droites du passé a été de promouvoir un certain nombre de valeurs traditionnelles (patrie, honneur, solidarité nationale, héroïsme, sens du devoir….) que les libéraux raillaient (et raillent toujours) et entendaient bien remiser au magasin des antiquités sans intérêt (Pour être complet, il faut ajouter que la grande faiblesse des dites droites a été de prendre, le plus souvent, le parti des riches et des puissants). Leur engagement en faveur des valeurs traditionnelles a pris fin avec la présidence de Giscard d’Estaing (1974-1981) qui marque le début d’un processus de transformation en profondeur des droites qui est presque abouti aujourd’hui.
   Ce processus a consisté en une substitution des valeurs traditionnelles par les valeurs libérales (liberté comme non interférence, obsession des droits individuels, individualisme, égoïsme, mondialisme, cupidité, négation des différences, rejet des enracinements, progressisme, obsession du mouvement (bougisme)….). Ce qui est étonnant, c’est le fait que beaucoup de Français continuent de penser, comme Denis Tillinac, que la ‘’ droite ’’ (je parle ici des dirigeants des partis politiques mais aussi d’une bonne partie de leurs adhérents) porte encore des valeurs qu’elle a abandonnées depuis longtemps. Il faut dire que les politiciens de droite qui savent bien que leur électorat n’a pas évolué aussi vite qu’eux s’y entendent en matière de brouillage de cartes et de culture du quiproquo.

  Que les politiciens de ‘’ droite ’’ ne se reconnaissent pas dans le discours d’Eric Zemmour, lequel est un discours très gaullien, n’a rien d’étonnant puisque ce discours n’est plus celui de l’ UMP et de ses satellites. Que Juppé, qui est totalement aligné sur le libéralisme libertaire, se soit récemment déclaré gaulliste, ne doit pas faire illusion ; ce triste sire n’a plus rien de gaulliste (il a abandonné le patriotisme français, l’impératif d’indépendance nationale au profit de l’intégration dans l’OTAN, l’idée de coopération étroite entre les états européens au profit d’une gouvernance européiste a-démocratique et l’ethnicité chère au général au profit d’un mondialisme immigrationniste ! ). Les politiciens de ‘’ droite ’’ continuent d’agiter des drapeaux qui ne sont plus les leurs parce qu’ils y sont contraints par leur électorat lequel n’a pas abandonné complètement les valeurs traditionnelles.

  Jean-Claude Michéa fait très justement remarquer dans son ouvrage intitulé ‘’  Le complexe d’Orphée ’’ que la ‘’ droite ’’ utilise une stratégie qu’il appelle la stratégie du chiffon rouge : ’’ Les partis de gauche ne semblent toujours pas avoir saisi l’essence de la stratégie du chiffon rouge que la droite libérale utilise méthodiquement contre eux. Les différentes provocations (minutieusement calculées) auxquelles cette droite se livre à intervalles réguliers ne visent jamais, en effet, à influencer directement l’électorat populaire (en cherchant, par exemple, à enraciner en lui ces idées « nauséabondes » qui sont, par définition, incompatibles avec les contraintes de la mondialisation). Elles visent, en réalité, à agir sur cet électorat de manière indirecte, c’est-à-dire en tablant machiavéliquement sur le caractère totalement abstrait (et, de surcroît, souvent grotesque) de la réaction politiquement correcte qu’elles ne manqueront pas de susciter mécaniquement chez les élites de la gauche divine (comme on dit en Espagne) et donc dans le petit monde incroyable et merveilleux du showbiz et des médias. Petit monde dont la morgue et la bonne conscience surréalistes ont toujours constitué pour la droite la plus efficace des publicités.
   En d’autres termes, la droite libérale compte en permanence sur les réflexes pavloviens de la bourgeoisie de gauche pour provoquer la colère de l’électorat populaire (qui, lui, est évidemment confronté à la réalité quotidienne) et maintenir ainsi son emprise idéologique sur lui. Avec, bien entendu, le risque électoral majeur – lorsque les réactions des élites de gauche s’avèrent trop caricaturales ou trop déconnectées de l’expérience vécue par les classes populaires – que ces dernières manifestent alors leur exaspération (un sentiment promis à un bel avenir) en cherchant directement refuge auprès de partis plus radicaux ’’. Cette analyse a été faite à partir de propos tenus par Sarkozy, un grand maître en matière de manipulation. Les petites phrases provocantes des ténors de l’UMP, ne sont que des stratagèmes électoraux sans profondeur ; elles ne sont pas le signe d’un discours caché comme on l’entend parfois.

  Denis Tillinac n’est pas le seul à se fourvoyer puisque les dirigeants de LMPT semblent, eux aussi, se faire beaucoup d’illusions quant à la nature des idées qui dominent à l’UMP. Le silence des dirigeants et des militants de ce parti concernant les mésaventures d’Eric Zemmour devrait les aider à prendre conscience de la nature réelle de la ‘’ droite libérale ’’. Ne rêvons pas trop quand même ; le réveil de l’électorat de l’UMP est pour le moins difficile.

  On aimerait savoir ce qu’en pense le député Marc Le Fur qui est resté silencieux sur ce sujet, comme sur tous les sujets importants et délicats. Le Fur ne se risque que sur les sujets sans risque ; il est véhément quand il s’agit de la Bretagne à cinq départements mais défendre Zemmour, qui estime que le retour de plusieurs millions de musulmans en Afrique est possible, vous n’y pensez pas ma bonne dame ! Le Fur, comme la quasi-totalité de ses collègues de l’UMP, est un libéral ; il est donc favorable à l’immigration et il ne peut pas soutenir Zemmour.

  François Arondel
 

 

 

                                                                                                                                                 ******