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Œuvres
Rue Corneille, Editions de La Table Ronde,
2009.
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Pierre DAUZIER et Denis TILLINAC corréziens de souche et de cour, évoquent pêle-mêle, dans un récit chaleureux, leurs compatriotes célèbres ou anonymes. Beaucoup de grands commis de l'Etat, des gens
de robe, de plume, de gastronomie, de politique, d'affaires, mais aussi
des artisans pittoresques, des communautés disséminées aux quatre
Au crépuscule d'un destin d'aventurier qui a épousé toutes les utopies modernes, le narrateur explore son passé ténébreux pour élucider le mystère de son activisme. Ni la révolution sous diverses latitudes, ni l'amour sous les traits d'égéries somptueuses ou pathétiques n'auront étanché sa soif d'absolu. Le bouddhisme, la psychanalyse, la vie en communauté et bien d'autres péripéties ont ponctué ce long voyage au bout des illusions, directement inspiré à l'auteur par la vie d'un personnage réel. Le soleil noir et rouge de son romantisme
éclaire le désarroi de notre temps : c'est pourquoi Denis Tillinac a
voulu retracer un parcours à la fois exemplaire et sans issue, où l'on
croise des êtres troublants. L'ironie du regard appartient à son modèle
; la tonalité mélancolique est d'un écrivain parvenu à sa maturité.
Denis Tillinac signe son roman le plus accompli et le plus dense
" Simenon est le plus grand écrivain occidental du XXe siècle. Peut-être même est-il le dernier ; en tout cas, il parachève un cycle inauguré par Montaigne, l'histoire d'une littérature centrée sur l'exploration des arcanes de l'individu. L'antihéros simenonien condense les fatalités qui enténèbrent le destin de l'homme moderne. Son moi inconsistant, dépossédé,
acculturé et immature, tournoie comme un fétu aux quatre vents de
pulsions innommables. Sa teneur en tragique est plus pure et plus dure
que celle du Roquentin de Sartre, du Meursault de Camus, du loup des
Steppes de Hesse ou de l'homme sans qualités de Musil. " D. T.
On sait que Denis Tillinac ne jure que par Les Trois Mousquetaires, héros d'une folle époque qu'Alexandre Dumas a inscrite au cœur de l'Histoire de France. Ce fut le temps des derniers combats des Grands, qui se voyaient aussi grands que le Roi, contre l'absolutisme naissant - les Condé, les La Rochefoucauld, les Rohan, les Chevreuse... De toutes ces hautes figures du défi, Marie de Rohan, connétable de Luynes, duchesse de Chevreuse, fut la plus belle, la plus effrontée, la plus intrépide. Elle a rempli le règne de Louis XIII et le début de celui de Louis XIV - avec la Fronde - de ses excès. Sa vie fut un scandale. Elle a combattu ouvertement (et parfois séduit) le Roi, Richelieu, Mazarin ; elle a joué d'Anne d'Autriche et de Buckingham ; elle a été de tous les complots, de toutes les fuites et de tous les exils. Elle a ébloui son temps. Denis Tillinac en est tombé amoureux. Et il est parti à sa découverte. Il l'a cherchée à Paris et en Touraine, à Dampierre, à Londres, à Nancy, à Madrid, à Bruxelles. Il a interrogé les mémorialistes et les historiens ; il a rencontré ses descendants. L'Ange du désordre a l'exactitude d'une
biographie et tout l'éclat d'un récit passionné. La littérature et
l'histoire se marient ici avec joie : ce livre personnel, vif, émouvant
et caustique, brille de tous les deux du baroque français.
Elvis Presley, années 50 : la synthèse
miraculeuse du soul des bluesmen noirs et de la country par un petit
Blanc du Sud. Une voix qui suggère des voluptés interdites, un corps en
transe qui embrase l'Amérique. Puis l'Europe et le monde. Elvis, années
60 : le roi du rock s'enlise à Hollywood, mais il revient en scène en
1698, impose son ego à des fans qui n'en reviennent pas.
De Biarritz à Londres en passant par
Rome, Belgrade, Paris et les maisons de famille somnolentes du Sud-Ouest,
Denis Tillinac dévoile les secrets intimes de personnages délicats et
« J'ai été déniaisé à l'âge de seize ans,
sur une falaise du Dorset, par une Linda aux cheveux platinés, qui n'en
menait pas large. C'était le soir. Des mouettes parcouraient le ciel, où
La providence a souri à cet ancien cancre parisien (qui a tout de même fini par décrocher un diplôme de Sciences-Po à Bordeaux et une licence de philosophie). Après avoir songé à devenir le Rimbaud ou le Boniface de la fin du XXe siècle, puis hésité entre la Légion et le monastère, il s’est retrouvé, ô joie, au pays de ses ancêtres, en Corrèze, dans la peau – plus prosaïque – de journaliste pour La Dépêche du Midi. Cinq ans à sillonner la région au volant d’une vieille 4L et le voilà jeune auteur chez Robert Laffont. L’éditeur de la place Saint-Sulpice se prend d’affection pour le futur membre de « L’école de Brive », le mensualise, l’héberge à l’occasion et lui présente quelques bonnes fées. Dorénavant, l’auteur du Rêveur d’Amérique va alterner les grands reportages au Madame Figaro puis au Figaro Magazine et les romans ou essais. On aime ou on n’aime pas « le bon réac de
service » des intellectuels de gauche. Mais un homme qui se réclame
pêle-mêle de « Villon et d’Artagnan, Pascal et Pelé, Chateaubriand et
Cliff Richard », qui chante juste toutes les chansons d’Elvis Presley...
Voilà l'histoire d'un noblaillon breton mal dans sa peau, mal dans son siècle, qui a inventé le romantisme français en poursuivant les ombres de son ombre. L'histoire fabuleuse d'une incursion à l'aveugle dans les contrées alors inexplorées de l'intériorité. De ce tremblé de l'âme, encore peu consistant et ne sachant avec quoi rimer, il a fait surgir un univers. Le sien. Le nôtre. Voilà, à son aube violentée par l'orage,
l'envol du moi vers ses confins inexplorés, ses retours dans les cryptes
de la mémoire. Voilà dans sa quintessence toute l'aventure " moderne ",
et elle touche à son terme. Si je vais béer devant le Grand-Bé, c'est en
désespoir de cause. La mort de cet écrivain génial sonne par
anticipation le glas de toute illusion littéraire, et de cela je ne puis
me consoler. J'en fais état pour dire ma dette, ma gratitude de fils
indigne.
Denis Tillinac a entrepris le tour de la
capitale, à pieds, par les boulevards des Maréchaux, souhaitant ainsi
ranimer les figures napoléoniennes qui le faisaient rêver, enfant, et
dresser le panorama de ce Paris qui, de porte en porte, trace la
frontière entre la ville et ses banlieues. La moitié environ de son
texte traîne laborieusement dans l'évocation des Maréchaux, entre
biographie scolaire et portrait à la Guitry. L'atmosphère des bancs
d'école de la Troisième république et l'esprit du cinéaste ne sont pas
suffisamment éloignés néanmoins pour donner à ces pages le charme du
suranné.
Le Paris-Dakar... Un rêve que nous faisons tous. Denis Tillinac nous emmène sur les traces de sable et de sang du célèbre rallye. Emportés dans le tourbillon poussiéreux des paysages magiques de l'Afrique, des proues-ses sportives, des personnages enfiévrés, nous partageons la violence, l'émotion, le bonheur de l'exploit. Les personnages foncent vers leur destin : Kirkpatrick, la grande brute irlandaise et son camion fou, Régis Walter, l'âme du rallye, la belle Mary Kellygan " l'Irlandaise du Dakar ", et aussi Pierre Devillers, fasciné par cette aventurière. Une histoire d'amour sur fond de
Paris-Dakar ? Un roman d'aventures vécu par l'auteur ? Un document qui
traite des problèmes de fond d'une telle course ? Oui, et bien plus
encore... Un livre qui ravira les amateurs de vitesse comme les fous de
sport.
« J'ai un faible pour les dimanches à l'Élysée. J'arrive toujours à pied. Le quartier est désert, je cherche en vain un bistrot ouvert derrière la place des Saussaies. Personne dans le palais. Visages figés de De Gaulle, de Pompidou et de Mitterrand dans le hall, sur des tableaux que je trouve d'une laideur presque touchante. Chirac toujours ponctuel, en jeans, col roulé et mocassins. Chaque fois que j'entre dans son bureau, je me dis que c'était celui de De Gaulle. Une fois sur deux, je demande à Chirac s'il a été ému, le premier jour, de s'asseoir dans le fauteuil du Général. Son " naturellement " agacé me laisse entendre qu'il vaut mieux sortir du registre des émotions. Nos digressions vers des choses futiles sont brèves, il
faut bien se détendre et Chirac est curieux comme une pie de la vie des gens, y
compris s'il ne les connaît pas personnellement. Plus on entre dans le détail
concret, plus on a de chances de l'intéresser. Assez vite il nous ramène au
sujet... »
Envoyé par son journal pour une enquête, Pierre retrouve Aix-en-Provence et son passé d'étudiant. Que sont devenus ses quatre camarades,
conquérants pleins de fougue ? Pourront-ils retrouver leur jeunesse en la
recréant à coup de pastis et de bonne volonté ? Roman nostalgique, (A la santé des conquérants).
" La Rainade "... Une maison de famille nichée
sur le plateau de Terilhac en Corrèze... C'est là que se retrouve, pour les
vacances, la tribu des Aubrac... Parents, enfants, cousins, cousines, ils sont
innombrables, extravagants, étonnants, un peu fous... Ils se déchirent,
s'adorent et complotent avec délectation.
A quarante-cinq ans, François Ribeyrac,
directeur de rédaction d'un quotidien prestigieux, époux d'une jeune femme de
bonne famille, père d'un futur énarque et amant d'une charmante Constance, se
définit lui-même comme un " surfeur de moyen acabit sur les vagues du prestige
social ". Un matin gris, soudain, c'est le ras-le-bol, la déprime. Au bout, le retour vers Paris, ou bien... ? Dans ce
roman des adieux sans larmes, Denis Tillinac rassemble ses thèmes de
prédilection : l'appel du large et le goût des racines, la nostalgie, l'esprit
de jeunesse invincible sous les défroques de l'âge adulte. Jamais il n'a, à ce
point, maîtrisé son art.
Les deux cents premières pages sont très bien
écrites et narrent avec verve et humour l'expérience d'un Rastignac corrézien,
qui monte dans le firmament du milieu littéraire et politique, sous l'aile
protectrice de Chirac, leader de la Corrèze et maire de Paris. Des aventures
éditoriales très bien vues, avec son combat à la tête des Editions de La Table
Ronde, pour tenter de lui enlever sa réputation de " Droite ", ses voyages, sa
respiration au sein de son pays natal, sa Corrèze, le rugby, les restos de la
Rive Gauche et de la Rive Droite, son amour de la littérature, etc.
« Don Juan me hante depuis longtemps. Je le vois un peu égaré dans notre époque avec cette innocence qui le rapproche de Casanova. Il drague en ingénu faussement libertin : sa sincérité les désarme toutes. Le fait est qu'il les aime toutes : Claire (son épouse), Aude (sa belle-soeur), Bérénice (sa cousine). Il aime encore Laure, l'égérie de sa jeunesse. Il aime Clarisse et Véronique, il aimera Laurence. En aimant Marianne, il est sans doute allé trop loin... L'action est à Paris et en Auvergne, avec des escales dans les entrelacs des souvenirs et des maris soupçonneux, dont la fatuité incarne le Mal. Don Juan est l'ami de Dieu, le chantre de la féminité, le contempteur de la sottise. L'été s'achève, les désirs ont mûri au soleil. Rideau... » Après « Dernier verre au Danton », chronique littéraire et politique d'une année de vie parisienne, Denis Tillinac revient au roman : à la littérature. Une voie qu'il a quittée depuis « Maisons de famille », le plus romanesque de ses romans, le plus proche de son coeur. D'ailleurs, « Don Juan » prolonge « Maisons de famille », avec liberté : une bonne partie de l'action se joue aux confins de la Corrèze et de l'Auvergne dans ces maisons de famille ou le nouveau Don Juan, dès l'adolescence, a pris conscience de ses dons et de ses pouvoirs. Depuis, il a volé de conquête en conquête, sans
jamais s'attarder, parfois avec d'étonnantes fidélités. Qu'est-ce qu'elles lui
trouvent ? Elles aiment son audace, sa désinvolture, son intelligence, sa
liberté. Sans doute devinent-elles que cet homme, que l'on dit léger, est un
être grave : que cherche-t-il ? Et même que fuit-il ? Il est Don Juan,
réincarnation du mythe et homme d'aujourd'hui, héros fragile dans un monde
incertain. Tout cela, rapide, nerveux, sous la plume ironique et sensible,
tendre, attentive et impertinente d'un écrivain, à nul autre pareil: Denis
Tillinac.
Voici le credo d'un incrédule émerveillé, la confession d'un franc-tireur. Voici le catholicisme enfin défendu par un écrivain qui n'a rien d'un dévot. Denis Tillinac démontre que l'Église a façonné la France, l'Europe, et sculpté la figure universelle de l'Homme. Qu'il célèbre la gloire de l'incarnation, la féminité de Marie, les chapelles romanes, qu'il récuse les idolâtries " modernes " ou les intégrismes - dont le laïcisme -, qu'il invoque les figures des prêtres de son enfance ou celles de Chateaubriand, de Bernanos et de Mauriac, c'est une invitation à redécouvrir le plus précieux de notre héritage spirituel, intellectuel, moral, esthétique. Un héritage vivant, libre et joyeux, celui du "
Dieu de nos pères ", fondé sur la Bible, où se rejoignent
Jérusalem, Athènes et Rome. Héritage crucial à l'heure d'une crise profonde
d'identité, et qui seul peut enrôler croyants et agnostiques dans une commune
résistance au nihilisme.
" La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. J'aime enchâsser l'or et le sang de son histoire dans la chair de sa géographie. Il en résulte un patriotisme de facture rustique, un peu comme la foi du charbonnier... " Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... " J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ;
je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a
pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un
bonheur...
Un écrivain, et rien d'autre, ainsi se définit Denis
Tillinac, en épilogue à ce récit d'une balade en zigzags sur les routes de son
imaginaire. On le cherche dans sa maison d'édition au quartier Latin, on le
surprend en Afrique où Kabila doit le rejoindre. On le croise en terre d'Ovalie
avec Pierre Dauzier et André Boniface, on l'aperçoit à l'Elysée en conciliabule
avec Chirac. Car si Denis Tillinac n'aime pas son époque, il a
de la sympathie pour les personnages qui tâtonnent aux marches de la gloire. Ou
aux frontières du désespoir. Entre les lignes d'une prose de styliste, miroir
parfois cruel des moeurs contemporaines, on perçoit les désarrois d'un écrivain
que l'Histoire a floué. Même s'il s'est bien amusé.
Entre 1933 et 1971, Henri Janicot exerce son métier de photographe à Tulle. Sauvée de la destruction, une partie de sa production est conservée aujourd'hui aux Archives départementales de la Corrèze, parmi laquelle des portraits de femmes, plusieurs centaines. Femmes d'hier, anonymes, tombées dans l'oubli. Dans l'oubli ? Pas tout à fait. Des auteurs corréziens - ils sont écrivain, plasticien, journaliste, ethnologue ou éditeur - les rendent à la vue, à la vie. Ils s'emparent de leur beauté, de leur force, de leur destin, pour nous raconter leur histoire et offrir ainsi un bel hommage à la Femme. Texte de Pierre Bergounioux, Gilbert Bordes, Daniel
Borzeix, Jean-Marie Borzeix, Jean-Paul Chavent, François Cognéras, Henri Cueco,
Claude Duneton, Marie-Claude Gay, Marie-France Houdart, Jean-Paul Malaval,
Richard Millet, Michel Peyramaure, Caroline Sers, Llibert Tarrago, Denis
Tillinac et Louis-Olivié Vitté.
Le catholicisme romain a enfanté puis mis en forme toutes les figures de l'imaginaire occidental. On lui doit notre éthique, notre métaphysique, notre esthétique, notre rapport à la féminité, nos aspirations idéales. Le cloître, le vitrail, Don Rodrigue et Don Quichotte, l'art depuis le roman jusqu'au baroque, le monachisme, les mystiques d'Avila et les docteurs des grandes universités, les semaines saintes à Séville, les anges, le grégorien, les utopies politiques : le patrimoine spirituel et culturel du catholicisme est d'une variété et d'une fécondité extraordinaires. Au-delà des apparences d'une institution aux péripéties historiques fabuleuses, son universalisme continue de rayonner. Cet abécédaire effeuille avec tendresse, humour et gratitude les aspects les plus insolites et les visages les plus émouvants de la religion catholique. (Dictionnaire amoureux du catholicisme).
C'est une relecture des Nourritures terrestresqui m'a incité à risquer ces pages. Je n'ai pas l'outrecuidance de me comparer à Gide, et il y a loin de la prétendue Belle Epoque à la nôtre. Ce petit livre n'est pas un précis de morale mais une simple mise en garde, d'aîné à cadet, ou à cadette : un nihilisme habillé de fausses vertus abuse les consciences et je souhaite qu'une autre génération ne se laisse pas flouer comme la mienne. Ma vie aurait connu des embellies plus franches si à l'âge des commencements une plume amie m'avait alerté sans me désenchanter. Tel n'aura pas été le cas ; j'ai caboté tout seul sur des esquifs d'infortune, à contre-courant de mon époque. Si je m'adresse à toi, c'est pour que tu te sentes moins seul que je ne le fus à l'heure des décollages. Ce vers quoi nous dérivons tous n'est ni rassurant ni exaltant, mais il ne tient qu'à toi de t'en évader. Toi avec d'autres : si vous êtes nombreux à déserter le
champ clos et miné des idées convenues, une espérance poindra en place de vos
désarrois. D. T.
1888 : Arles. Huis clos du génie et de la folie dans l'âme tourmentée de Van Gogh. On l'interne, on le relâche, Gauguin a décampé. Il peint La Nuit étoilée, symbole d'une quête tragique. Époque contemporaine. Huis clos de trois êtres d'un romantisme crépusculaire. Kalf, un écrivain énigmatique. Victor, son éditeur parisien. Claire, l'amante éperdue de l'un, l'égérie de l'autre. Ils ont passé la soixantaine, elle se rapproche de la quarantaine. Ils se sentent en exil dans un monde où le ciel justement a perdu ses étoiles. La passion de l'art les isole. Les sauvera-t-elle ? C'est un roman d'amour aux épilogues déroutants. Un roman de moeurs peuplé de personnages attachants, où chacun peut se reconnaître. En dévoilant leur intimité ils peignent le monde où nous vivons, avec un mélange de désarroi, d'ironie, de nostalgie et de tendresse. Ils sont pathétiques, ils ont peur d'être dérisoires. La Nuit étoilée de Van Gogh est leur seule boussole. Mais pour atteindre quel paradis ?
Denis Tillinac se veut et se vit « réac » au sens plein du terme : en réaction contre les tendances lourdes de son époque. S'il a soutenu des politiques, notamment son ami Chirac, il n'a jamais appartenu à un parti et jamais renonçé à son indépendance. Comme le « mécontemporain » de Finkielkraut, il se sent totalement en exil dans le monde contemporain. Il le juge trop mercantile, trop mécanique, trop inélégant, trop harcelant, trop immanent. C'est un « réac » métaphysique et esthétique qui fait l'apologie de l'harmonie, de la lenteur, du détachement, de l'intériorité, du jardin secret, de l'ironie, du regret, de l'altitude. Son livre explicite une sensibilité toute en nuances et fait un sort au sens communément admis du mot « réac ». Il peut être rétro, passéiste, esthète, élitiste, il ne se polarise pas sur un « retour » politique ou autre. Il démystifie la « modernité » et son couple branché-ringard au bénéfice d'un système de valeurs moins évanescent, moins éphémère. Nostalgique d'un royaume dont il se sent dépossédé, il habite son jardin secret, une thébaïde où se côtoient joyeusement Ophélie et Baudelaire, Saint-Benoît Labre et d'Artagnan, Chateaubriand, Fra Angelico et Van Gogh, Tintin, le roi Pelé, les frères Boniface, Jane Austen, Lampedusa et tant d'autres créateurs. Ce livre séduira les insoumis, les désenchantés et les
assoiffés d'idéal de toutes tendances et de tous les âges. Il est peut-être
politique, mais au sens noble du terme car il ne propose pas moins qu'une
attitude intellectuelle, morale et existentielle.
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