A Béziers, Robert Ménard salue
l'Algérie française
Le maire a créé la polémique en donnant à la rue du
19-Mars-1962 le nom d'Hélie de Saint Marc, officier ayant pris part au
putsch des généraux d'Alger.
Béziers (Hérault), hier. Le maire, Robert Ménard, dévoile la plaque de la
nouvellement nommée rue du Commandant-Hélie-Denoix-de-Saint-Marc.
La rue du 19-Mars-1962, date de la signature des accords
d'Evian, qui mirent fin à la guerre d'Algérie, n'existe plus dans le
quartier populaire de la Devèze, à Béziers. Hier, dans un climat tendu,
elle a été officiellement rebaptisée par le maire (apparenté FN) Robert
Ménard rue du Commandant-Hélie-Denoix-de-Saint-Marc.
Mort en 2013, cet officier, ancien résistant et partisan de
l'Algérie française, avait participé au putsch des généraux à Alger en
avril 1961.
Près de 2 000 personnes ont assisté à un vibrant hommage rendu à
l'ancien commandant de légion. Condamné à dix années de réclusion pour
sa participation au putsch, Saint Marc avait passé cinq ans en prison
avant d'être gracié par de Gaulle. Réhabilité en 1978, il a été élevé en
2011 à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur par Nicolas
Sarkozy. « Je ne veux plus que nous soyons dans la repentance, je veux
dire notre vérité à ceux qui armaient le bras des assassins des harkis,
a martelé Ménard. Après le 19 mars, ce fut l'ignominie. Pour nos frères
musulmans, il ne faut pas occulter la réalité de notre histoire. Hélie
de Saint Marc était de ceux qui pouvaient mourir pour des idées, pour
eux. »
A l'autre bout de la rue, séparé par un impressionnant cordon de
policiers et de gendarmes mobiles, sept cents personnes s'étaient
rassemblées, à l'invitation d'une dizaine de partis de gauche, pour
fustiger la décision du maire et dénoncer les crimes de l'OAS. « Robert
Ménard fait ressurgir les vieilles divisions. Il déterre la hache de
guerre d'Algérie cinquante-trois ans après pour diviser le peuple de
Béziers et mieux régner », s'indigne l'élu d'opposition communiste Aimé
Couquet, qui a déposé une plainte contre le maire de Béziers pour abus
de pouvoir. Depuis la Bretagne, Manuel Valls a désapprouvé l'initiative
de Ménard. « La nostalgie de l'Algérie française n'apporte rien de bon,
a-t-il jugé. Aujourd'hui, on a besoin de regarder l'avenir avec de
l'optimisme et le Front national n'aime pas la France. »
(Claude Massonnet, 15 Mars 2015).
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« Cette fracture
entre le peuple et le monde médiatique est d’une extrême gravité »
Robert Ménard, Béziers est
encore « au cœur du scandale ». Cette fois, c’est la rubrique DVD du
journal de la mairie qui est incriminée : la recension du célèbre film
La Famille Bélier serait suspecte. La presse évoque aussi le caractère
tendancieux des mots croisés. À quand la couleur de vos chaussettes ? On
peut dire que vous êtes observé au microscope…
L’État, dans toutes ses composantes, porte un regard vigilant et
permanent sur ce que nous faisons. Nous savons que le ministère de
l’Intérieur est friand de notes et d’informations à notre sujet. Quoi de
plus normal alors que les médias, qui comme chacun le sait sont libres
en France, nous observent également avec la même attention.
J’ai défendu la liberté de la presse dans le monde durant 25 ans.
Un peu partout, j’ai vu des journalistes oppressés. Ce que je vois en
France est différent. Je vois des médias qui oppressent la vérité, qui
oppressent tous ceux suspects de ne pas penser comme il faut penser sur
l’immigration, les mœurs, le social, etc. Est-il sain dans un pays
démocratique que plus de 80 % des journalistes votent à gauche et qu’un
bon nombre d’entre eux soient des militants ? Est-ce normal lorsqu’il
s’agit de médias qui sont financés par l’État ? Je ne le crois pas et
des millions de Français partagent mon constat. Cette fracture entre une
grande partie du peuple et cet élément de la classe dominante qu’est le
monde médiatique est d’une extrême gravité. Un pays où la quasi totalité
des médias ne pensent que d’une manière est-il encore un pays
démocratique ?
On reproche à certains maires de faire de leur journal municipal un
outil de promotion personnelle ; on vous soupçonne, vous, d’en faire un
outil de combat culturel. Que répondez-vous à cela ?
Ce serait prétentieux et faux que de dire que notre journal est un
outil de combat culturel. Mais qu’on puisse en débattre démontre surtout
que ce que nous écrivons n’est écrit dans aucun autre journal municipal.
Là est le problème. La plupart des maires se satisfont d’un petit canard
plus ou moins bien fait, plus ou moins lisse, presque toujours ennuyeux
à périr. Certains veillent surtout à y figurer en photo autant que
possible. Mais combien de leurs administrés lisent leur journal ?
Nous, nous avons fait le choix de faire un vrai journal
d’information locale. Ce n’est pas une fantaisie, mais une nécessité.
Face à Midi libre, le seul quotidien local depuis la disparition du
journal communiste L’Hérault du Jour que, cette fois, les banques
capitalistes n’auront pas sauvé, il y a un besoin de pluralisme. Les
Biterrois qui lisent Midi libre doivent disposer d’un autre point de vue
sur l’actualité locale. Midi libre ne nous le pardonne pas et, de façon
pathétique, nous mène une guerre que le talent relatif de sa rédaction
ne lui permettra pas de gagner.
Béziers n’a jamais été autant sous les projecteurs que depuis
votre élection. Comment ses habitants le vivent-ils ?
Fort bien si je m’en tiens à la jauge démocratique que sont les
élections, puisque les candidats que je soutenais lors des élections
départementales ont tous été élus. Mieux encore si j’en crois le
courrier que nous recevons. En fait, cette tension médiatique permanente
a beaucoup moins d’effet sur les Biterrois que sur les habitants de
Lunel, de Metz ou de La Rochelle. On peut mentir à la France entière sur
ce qui se passe dans une ville. On ne peut pas mentir à ceux qui y
vivent et qui, chaque jour, peuvent se faire une opinion par eux-mêmes,
en comparant le discours médiatique et la réalité. Le discours
médiatique vise à agir sur les esprits pour agir sur la réalité. Nous
faisons l’inverse. Nous partons de la réalité pour libérer les esprits.
(Entretien réalisé par Gabrielle Cluzel).
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Attentat de Charlie Hebdo : il
faut cesser la politique de l’autruche !
Non, les assassins ne sont pas
des « fous » ou des « marginaux » !
C’est avec une émotion indicible que j’apprends l’attaque dont
vient d’être victime la rédaction de Charlie Hebdo. Je pense aux
journalistes abattus, aux policiers tués, à leurs familles.
Après 23 ans à parcourir le monde pour défendre la liberté
d’information et les journalistes, jamais je n’aurais cru vivre cela
dans mon pays, jamais je n’aurais cru cela possible. Personne d’ailleurs,
il y a encore quelques années, n’aurait pu l’imaginer.
Cela étant, il faut cesser la politique de l’autruche.
Non, les assassins ne sont pas des « fous » ou des « marginaux ».
Ce sont des tueurs islamistes qui veulent imposer la terreur comme leurs
congénères de Syrie ou d’Irak. La différence est qu’aujourd’hui, après
trente ans d’immigration galopante, ces choses-là sont possibles à Paris
et en France.
Non, la rédaction de Charlie Hebdo n’a pas été attaquée par des
gens adversaires de la liberté de la presse. Elle a été attaquée parce
qu’elle avait osé, courageusement, librement, critiquer l’islam.
Si des conséquences politiques ne sont pas tirées de cette tragédie,
alors, d’autres viendront. Tout doit être fait pour éviter la
libanisation de notre pays. Il est encore temps.
(Robert Ménard).
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Ces socialistes qui votent Front national…
L’arithmétique électorale a ses règles et les socialistes
devront bien se résigner à regarder la réalité en face.
« Aucun électeur de gauche n’a voté pour le Front national au
second tour. » vient d’expliquer Bruno Le Roux, le président du groupe
socialiste à l’Assemblée nationale, au micro d’Europe 1. En voilà une
analyse ! Et pertinente ! On le sait maintenant, grâce à notre
socialiste, les vingt-deux points gagnés par le jeune candidat frontiste
entre les deux tours de l’élection législative de Villeneuve-sur-Lot
sont tombés du ciel : l’œuvre du saint Esprit. Ils viennent d’où vous
voulez, mais pas de gauche !
Manquerait plus que ça… Vous imaginez un peu le traumatisme, les
remises en question, les examens de conscience qui s’imposeraient alors
? Aussi, quitte à nier l’évidence, à inventer des raisonnements toujours
plus tarabiscotés, à tordre les chiffres dans tous les sens, à appeler à
la rescousse le ban et l’arrière-ban des commentateurs maison – le
pertinent Nicolas Demorand en tête —, on le répète à satiété :
l’électeur socialiste vote UMP au nom du « Front républicain »,
s’abstient à la rigueur mais jamais, ô grand jamais, ne se laisserait
tenter par le vote FN.
Pourtant voilà, les faits ont la tête dure, l’arithmétique
électorale a ses règles et les socialistes devront bien se résigner à
regarder la réalité en face : certains de leurs électeurs – toujours
plus nombreux – n’hésitent plus à mêler leurs voix aux aficionados de la
« bête immonde ». Des électeurs qui se moquent manifestement comme d’une
guigne des appels, des conseils, des consignes des états-majors
parisiens.
Parce que, figurez-vous, cher Bruno Le Roux, de gauche comme de
droite, on peut être au chômage, payer des impôts, faire des économies
sur tout ou presque pour finir ses fins de mois. De gauche comme de
droite, on constate, stupéfaits, que vos amis parlementaires, des deux
bords, vivent dans un autre monde, plus soucieux de leur prébende que du
bien commun. De gauche comme de droite, on mesure l’écart entre les
promesses faites il y a tout juste un an et les capitulations
d’aujourd’hui devant le marché, Bruxelles et tutti quanti.
Alors oui, certains de vos électeurs votent pour le Front national.
Au deuxième tour aujourd’hui, ayant encore en mémoire d’autres
renoncements, ceux de Nicolas Sarkozy. Peut-être dès le premier tour
demain, s’ils devaient faire le constat que vous ne faites pas mieux… Ce
qui, vous en conviendrez, est bien le cas.
(Robert Ménard).
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« Demain, vais-je devoir
enlever les « Joyeux Noël » qui éclairent la vieille ville ? »
Robert Ménard, on lit, un peu partout dans la presse, que vous
auriez été sommé par le préfet de l’Hérault de retirer la crèche
installée par vos soins à la mairie de Béziers. Est-ce vrai ?
Pas du tout ! Le préfet, Pierre de Bousquet, nous a simplement, dans un
courrier, « invités à reconsidérer notre projet dans son principe, ou au
moins dans ses modalités ». Ce que nous avons fait : nous avons intégré
la crèche dans le programme des activités culturelles et festives de fin
d’année. Il l’avait du reste suggéré lors d’une conversation
téléphonique que nous avions eue. Ce n’était donc pas une mise en
demeure, ni même une mise en garde.
On vient d’apprendre par ailleurs que le tribunal
administratif de Nantes a exigé du conseil général de Vendée qu’il
démonte la crèche traditionnellement exposée durant la période de Noël à
l’accueil. Cette décision vous inquiète-t-elle ?
Bien sûr, cette décision est inquiétante. Mais elle est surtout
grotesque. Demain, à Béziers, je vais devoir enlever les « Joyeux Noël »
qui éclairent les ruelles de la vieille ville ? Et pourquoi pas les
sapins et les boules ? Les ayatollahs de la laïcité se trompent d’époque.
Ce n’est pas l’Église ni la religion (en tout cas, pas celle-là) qui
menacent l’État.
La crèche restera donc là où elle est jusqu’à la fin de
l’année ?
Oui, je l’espère. Mais il peut y avoir évidemment une procédure en
référé. Le préfet peut me mettre en demeure de l’enlever. Et là, je
serai face à un dilemme : en tant que maire, je dois respecter la loi –
d’autant plus que je rappelle régulièrement à mes administrés qu’ils
doivent eux-mêmes respecter la loi ! – mais en même temps, et c’était
inattendu, vous n’imaginez pas le nombre de gens qui ont afflué à la
mairie, non pas seulement pour voir la crèche mais, disaient-ils, pour
la défendre, pour qu’on ne l’enlève pas…
J’ajoute qu’à l’inauguration de la crèche, il y avait des musulmans,
heureux d’être là car, disaient-ils, ce spectacle leur rappelait
l’univers de leur enfance. Mais peut-être n’est-ce pas ces musulmans-là
qu’on a envie d’entendre ?
J’ai par ailleurs reçu un mot du responsable de la communauté juive de
Béziers qui regrettait de ne pas être là pour l’inauguration de la
crèche et qui nous a félicités de l’avoir mise en place. Un autre membre
de cette communauté, conseiller municipal appartenant à l’opposition,
m’a demandé d’installer pour Hanouka un chandelier à neuf branches dans
l’hôtel de ville. Je lui ai dit que nous le ferions, considérant que
nous avons un héritage judéo-chrétien.