Malek Boutih n'a pas choisi la voie de
la facilité en redonnant une véritable ambition politique à SOS Racisme
alors que l'heure est surtout au renoncement. Fort de son expérience de
terrain, acquise à la présidence de la Maison des Potes, il pose un
diagnostic lucide sur la situation qui l'a amené à prendre une position
à rebours de l'idéologie ambiante, marquée par une progression de l'idée
différentialiste, au moins dans l'élite française.
Faire de l'idéologie différentialiste une
alternative aux problèmes sociaux revient, finalement, à accompagner le
cours des choses, ce qui est le contraire même de l'action politique. Au
contraire, il vante les mérites de la République, seule à même de sortir
notre pays du cloisonnement ethnique qui le guette si rien n'est fait.
C'est donc à plus de rigueur, à la fois sur le front des discriminations
et sur celui des conduites délinquantes, qu'appelle Malek Boutih." (Michèle
Tribalat).
Dans Les Maîtres
censeurs, enquête tonique et minutieuse, Elisabeth Lévy raconte la
nouvelle trahison des clercs...
La formule claque, cruelle : les maîtres censeurs ont
succédé aux maîtres penseurs. Une voix s'élève, donc, pour dénoncer
cette imposture intellectuelle qui, depuis maintenant plus d'une
décennie, transforme le pays de Zola en Disneyland de la pensée. Mais
qu'on ne se méprenne pas : Elisabeth Lévy, dans cet ouvrage audacieux et
revigorant, n'a pas cédé à la tentation, un brin poujadiste, de
brocarder pour le plaisir ces intellectuels qui ne s'épanouissent que
sous les paillettes et les projecteurs ; elle reprend, en historienne
des idées et en journaliste honnête, le cours des événements, textes à
l'appui.
Le résultat est accablant. On découvre ainsi comment, depuis l' «
idéologie française » chère à Bernard-Henri Lévy jusqu'à la « France
moisie » de Philippe Sollers, le débat fut « confisqué » par de
brillants rhéteurs au profit de l'invective et de l'amalgame.
Qui sont-ils, ces maîtres censeurs ? Ceux-là même qui, il y
a vingt-cinq ans, atomisaient la chape de plomb idéologique qui pesait
sur la vie intellectuelle française. Leur sincérité fut rapidement mise
à l'épreuve de la notoriété. Désireux d'investir la scène médiatique,
ils apprirent sans difficulté le langage de leurs nouveaux maîtres :
faire simple et cogner, préférer les maximes bien frappées aux pensées
sinueuses. Grisés par le consentement du public, ils instaurèrent une
véritable « terreur », se posant en gardiens de l'orthodoxie
progressiste et en marchands de bons sentiments.
Elisabeth Lévy rappelle quelques épisodes édifiants : lorsque nos
maîtres censeurs hurlèrent en meute contre le philosophe
Pierre-André Taguieff, le sociologue Paul Yonnet ou encore contre Régis
Debray, les traitant de « salaud », de « nazi » ou de « négationniste »,
jamais ils ne prirent la peine d'examiner leurs arguments ou de réfuter
leurs thèses. Et c'est précisément là que le bât blesse !
Car ce « manichéisme accusateur » repose sur une idéologie bien rodée qui
consiste à renvoyer dans les ténèbres tous ceux qui ne pensent pas comme
vous. C'est dans ce climat de délation que prospère la pensée
compassionnelle de ces nouveaux moralistes, enfants de la télé qui
délivrent des brevets de vertu à ceux qui glapissent et des cartons
rouges à ceux qui refusent de brailler, réduisant la vie intellectuelle
à une « mascarade sans substance ». Quelle place pour le débat dans ce
caquètement de basse-cour ?
En épluchant les articles et les ouvrages d'André Glucksmann,
d'Alain Minc, de Philippe Dagen et de Nicolas Bourriaud, Elisabeth Lévy
montre comment nos intellectuels en sont arrivés à bannir les questions,
à stigmatiser le doute et à criminaliser le trouble.
Elisabeth Lévy n'éructe pas, elle étincelle. Il y a de la
truculence, du caractère, des tourments et de l'intelligence dans cet
essai courageux. Son livre, vibrante charge contre la paresse
intellectuelle, rappelle opportunément qu'au pays de la raison critique
il s'agit de réfuter et non de condamner.
Ce livre s’appuie sur des
entretiens du professeur Israël avec la journaliste Élisabeth Lévy pour
mettre en perspective la question hautement sensible de l’euthanasie.
Lucien Israël exprime son opposition à la mise à mort des malades par
les bien-portants alors que le devoir du médecin est selon lui de servir
ses patients jusqu’au bout. Il argumente ses positions avec une
pertinence et un humanisme qui forcent l’admiration.
Riche en exemples tirés de l’expérience de cet éminent médecin, l’ouvrage
est aussi un témoignage émouvant et une brillante leçon de vie.
Biographie
Ancien résistant, cancérologue, Lucien Israël est une sommité médicale
et une autorité morale. Membre de l’Institut, il est l’auteur de
plusieurs ouvrages dont Le Mythe bioéthique, Destin du cancer, La Vie
jusqu’au bout, Vivre avec un cancer, qui ont eu un retentissement
important.
(Les dangers de l'euthanasie).
L'époque refait le monde, elle y met tous
ses soins. Puis elle contemple son ouvrage et elle le trouve bon.
Élisabeth Lévy et Philippe Muray se demandent plutôt s'il y aurait
quelque chose à en sauver.
De juin 2001 à décembre 2004, au fil de sept conversations mouvementées,
ils confrontent leurs désaccords avec leurs divergences, comparent leurs
dissensions et leurs discordes. Assez souvent aussi, ils tombent
d'accord, mais sur quoi, quand on ne sait plus de quoi est faite la
réalité ?
Pendant ce temps, l'événement passe et repasse. Du Larzac à l'Irak,
de Bagdad à Paris-Plage, de la Nuit blanche à la canicule noire, des
intermittents en éruption aux tortionnaires d'Abou Ghraib, de " Loft
story " au mariage gay, du Christ de Mel Gibson aux pérégrinations des
damnés de l'alter (mondialisme), du 11 septembre au 21 avril, on suit
les aventures de Festivus festivus, descendant d'Homo
festivus comme Sapiens sapiens succéda à Homo sapiens, " dernier homme "
occidental, rebelle rémunéré, créature emblématique de la nouvelle
humanité.
Et toujours revient cette interrogation lancinante, cette obsédante
question de fond : y a-t-il une vie après l'Histoire ? La réponse est
oui. Mais dans quel état !
On ne se parle plus, on s'invective.
Depuis le début de la deuxième Intifada, en septembre 2000, le conflit
israélo-palestinien et la question antisémite sont l'enjeu d'une
véritable guerre civile intellectuelle.
Sionistes contre pro-Palestiniens, dénonciateurs de l'islamophobie
contre contempteurs de la judéophobie : entre les deux camps, tous les
ponts sont coupés. Aucune vérité ne peut émerger de la foire d'empoigne.
Emblématiques des positions qui s'affrontent, Rony Brauman et Alain
Finkielkraut croisent parfois le fer dans l'espace médiatique, ils ne se
parlent plus. Leur commune exigence de vérité les conduira pourtant à
accepter un pari difficile, renouer le fil d'un dialogue authentique.
Au cours de leurs rencontres, organisées à l'initiative d'Élisabeth Lévy
sur trois années, leur confrontation deviendra une conversation, tout en
restant une discorde.
(La discorde, Israël-Palestine, les Juifs, la France)
Parler de corde dans la maison d'un pendu :
pendant deux ans, épaulée par une joyeuse équipe d'esprits libres,
Elisabeth Lévy s'est livrée à cet exercice acrobatique sur France
Culture. " Le Premier Pouvoir ", l'émission hebdomadaire
dont elle était la productrice et l'animatrice, a offert aux auditeurs
une réflexion singulière sur " la société des médias " - terme emprunté
à la revue Le Débat.
Une entreprise intellectuelle fondée sur la conviction qu'il est
impossible de penser le monde d'aujourd'hui sans penser la scène
médiatique. Le système médiatique considère avec bienveillance toute
remise en cause du pouvoir. A condition qu'il s'agisse du pouvoir des
autres. La radio publique n'échappe pas à la règle, bien au contraire.
L'ordre subversif y règne. " Sois rebelle et tais-toi ", ainsi pourrait-on
résumer sa loi.
La musique générale du " Premier Pouvoir " était-elle trop
grinçante ? L'émission qui conjuguait mauvais esprit et bonne audience a
brutalement été supprimée par la direction de France Culture. " Le
Premier Pouvoir " a disparu des ondes. Le Premier Pouvoir - le livre - revisite sans en
taire les limites et les insuffisances, cette expérience parfois
douloureuse, souvent drolatique, toujours passionnante. Et nous en
apprend beaucoup sur la fabrication de l'opinion correcte par gros temps
démocratique. À travers le récit de cette aventure et mésaventure,
Elisabeth Lévy nous offre un fort instructif tableau d'époque.
Libération avant-hier, Les Echos hier, Le Monde
aujourd'hui, Le Figaro demain... Le journalisme français s'abîme dans
une rafale de crises. Financières, économiques, mais aussi morales et
existentielles. Autant de raisons pour Elisabeth Lévy et Philippe Cohen,
deux journalistes de Marianne, de pousser un cri de rage : Notre métier
a mal tourné. De Philippe Cohen, qui analyse
au
jour le jour sur Marianne.fr la crise actuelle du Monde, et qui fut en
2003 l'auteur avec Pierre Péan d'une charge impitoyable contre le
journal de « Minc-Plenel-Colombani », on pouvait s'attendre à de
nouveaux Scud bien ciblés. Mais c'est plutôt d'un « tous coupables-tous
victimes » qu'il nous gratifie. Nous autres journalistes avons été
collectivement « happés dans un processus que personne ne souhaitait ».
Les engagements d'autrefois ont cédé le pas à un journalisme dépolitisé,
conformiste, dont la seule idéologie est l'Information, cache-sexe d'un
monde de divertissement cynique et moralisateur. La charge - sur les
journalistes politiques embarqués dans l'armada présidentielle ou sur
les reporters « qui se déplacent en troupeau » - est parfois brouillonne,
toujours pertinente. Elle tape au plus juste sur le journalisme dit
d'investigation, qui culmina dans les années 90 autour de son maître,
Edwy Plenel, et s'acharna sur les politiques jusqu'à l'horreur (Bérégovoy,
Strauss-Kahn, Léotard, Baudis), pour mieux épargner le pouvoir
économique.
Plus terrible, encore, selon les auteurs : les journaux qui ont échappé
par miracle aux « condottieri de l'industrie et du commerce » ont sombré
(Libération, Le Monde) dans une autogestion calamiteuse. Comment sortir
de cette situation sans équivalent dans les grandes démocraties ? La
résistance de la rédaction des Echos n'a pas empêché qu'ils tombent dans
l'escarcelle de Bernard Arnault, Le Monde (et Télérama...) n'est pas à
l'abri d'une montée en puissance de Lagardère, les journalistes du
Figaro, après les voeux sarkoziens de Dassault en une, redoutent la
destruction de leur formidable service étranger... Le combat, concluent
Lévy et Cohen, appelle un sursaut citoyen.
(Notre métier a mal tourne),
Agressions, profanations, insultes,
procès, émotions collectives, déclarations solennelles... Que se
passe-t-il, en France, pour que le débat sur l'antisémitisme doive être
rouvert ? Les Juifs sont-ils en danger ? Sont-ils personae non gratae
dans les banlieues françaises ? Le " devoir de mémoire " envers la Shoah
étouffe-t-il la voix de toutes les autres victimes de l'histoire ? Peut-on
critiquer la politique israélienne sans être traité d'antisémite ? Pour
aborder ces questions, il fallait des personnalités libérées des
préjugés, des idées simples et des opinions toutes faites.
Elisabeth Lévy et Robert Ménard lancent
le débat. Ces deux personnalités anticonformistes dessinent le visage
d'un racisme nouveau, construit sur de vieux fantasmes et un conflit
israélopalestinien qui sert à tout et n'importe quoi.
Critiques envers les organisations juives
et une classe politique française manquant parfois de la plus
élémentaire prudence, ils tentent de comprendre avant de juger. Malgré
leurs divergences, ils estiment que l'antisémitisme se combat dans les
esprits, et non devant les tribunaux.
De ce dialogue débarrassé de toute idéologie surgissent des vérités
utiles et originales.
(Les Français sont-ils antisémites ?)
Un quarteron de journalistes félons menace la République. Ils
s’appellent Éric Zemmour, Robert Ménard, Ivan Rioufol, Élisabeth Lévy.
Ils ont le mauvais goût de ne pas se prosterner devant toutes les lubies
de l’époque : la culture réduite à l’écran, l’art dévoyé en marketing,
la disparition de l’autorité des salles de classe, l’effacement des
frontières. Ce sont les « nouveaux réactionnaires ».
Mais de tous leurs crimes, le plus grave est de s’obstiner à nommer
les choses, même quand elles sont déplaisantes. Ils ne considèrent pas
les délinquants comme des victimes et pensent que l’immigration n’est
pas seulement une chance pour la France, en particulier pour les
derniers arrivés dont elle freine l’intégration, sans parler de
l’assimilation. Pour les prêchi-prêcheurs de la « gauche divine » dont
parlait Baudrillard, ce refus de repeindre la réalité en rose vaut
brevet de crypto-lepénisme : si le peuple pense mal et ne vote pas mieux,
c’est parce qu’il a été influencé par ces mauvais coucheurs.
Alors les professeurs de vertu dressent la
liste des suspects et déclenchent la machine à simplifier, à caricaturer,
à dénoncer. Cette alliance de la malveillance et de la niaiserie peut
décourager. Ou, au contraire, donner envie de descendre encore dans
l’arène pour mener le seul combat qui vaille : celui des idées.
Journaliste, Élisabeth Lévy tient salon sur internet, avec le site
causeur.fr, et anime le mensuel Causeur Magazine.
Elle collabore également au Point, à RTL, à Direct 8.