Renaud CAMUS 

 

 

      BIOGRAPHIE                                                                             



   Issu d'une famille bourgeoise de province, Renaud Camus fait ses études à l'école Sainte-Thècle à Chamalières (1950-1952), puis à l'école Massillon à Clermont-Ferrand (1952-1963), ville où il obtient la première partie du baccalauréat général (alors passée en classe de première) en 1962, puis le baccalauréat de philosophie en 1963. Il entreprend ses études supérieures à la Faculté de droit de Clermont-Ferrand, puis quitte l'Auvergne pour la Faculté de droit de Paris (Assas et Panthéon, 1963-1973), où il obtient une licence en droit de l’université de Paris (1968), après un passage à Oxford (Saint-Clare's College) en 1966-1967.

  Il est diplômé en 1969, dans cette même université, d'études supérieures de droit (Histoire du droit) et licencié ès lettres de l’université de Paris (Sorbonne). Enfin, en 1970, il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et devient titulaire d'une maîtrise de philosophie (esthétique) de la Sorbonne et d'un diplôme d'études supérieures de droit (science politique). De 1970 à 1976, il est lecteur et conseiller littéraire aux éditions Denoël, ainsi que rédacteur de science politique pour les encyclopédies canadiennes Grolier.

  Il a successivement habité Chamalières (1946-1959), Clermont-Ferrand (1959-1965), Oxford (1965-1966), Paris (1966-1992), les États-Unis (New York, l'Arkansas où il enseigna la langue et la littérature française comme chargé de cours à Hendrix College, Conway, en 1970, San Francisco en 1978), Rome, où il fut pensionnaire de la villa Médicis de 1985 à 1987, et, depuis 1992, dans le Gers, au château de Plieux, où il a organisé des expositions de Jean-Paul Marcheschi (1993), Eugène Leroy (1994), Jannis Kounellis (1995), Joan Miró (1996), Christian Boltanski (1997) et Josef Albers (1998).

   Il a été également responsable de colloques, « Les Devisées de Plieux », sur le « thème du château » (1996, avec Robert Misrahi, Danièle Sallenave, Jean-Marie Goulemot, Alain Vircondelet, Serge Brunet, etc.), le « thème de la flamme » (1997, avec Pascal Quignard, Emmanuel Carrère, Jean-Paul Marcheschi, Michel Cassé, Allan Weiss, etc.), ou l'idée d'« Habiter en poète » (avec Michel Deguy, Jacques Roubaud, Jean Frémond, Paul Louis Rossi…).
  Il a fondé et dirigé un festival à Lectoure, « Les Nuits de l'Âme » (1997-1998), consacré à la musique contemporaine, à la musique ancienne et aux « musiques du monde ».

  Il a connu au cours des années 1970 une vie culturelle intense (rencontres avec Roland Barthes, Louis Aragon, Bob Wilson, Robert Rauschenberg, Cy Twombly, Gilbert et George, Andy Warhol, Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet, Michel Chaillou ou encore Marianne Alphant…). Durant ces mêmes années, il a été chroniqueur pour la revue Gai pied (articles réunis ultérieurement dans Chroniques achriennes) et l'une des voix de la communauté homosexuelle de l'époque, bien qu'il se soit toujours tenu à distance de toute position dogmatique ou de tout emploi de porte-parole sur ce thème. Il crée à cette époque le néologisme « achrien » pour désigner les hommes homosexuels.

  Dans les années 1970-1980, il est de gauche et un temps membre du Parti socialiste2.

  Dans son journal de 1994 (paru en 2000 sous le titre La Campagne de France), Renaud Camus a émis des remarques sur ce qu'il percevait comme la surreprésentation de journalistes juifs traitant du judaïsme dans une des émissions de radio de France Culture, Le Panorama, ayant pourtant une vocation généraliste et non confessionnelle ou communautaire. Il écrivait à ce sujet : « Les collaborateurs juifs du Panorama de France Culture exagèrent un peu tout de même : d’une part ils sont à peu près quatre sur cinq à chaque émission, ou quatre sur six ou cinq sur sept, ce qui, sur un poste national ou presque officiel, constitue une nette sur-représentation d’un groupe ethnique ou religieux donné ; d’autre part, ils font en sorte qu’une émission par semaine au moins soit consacrée à la culture juive, à la religion juive, à des écrivains juifs, à l’État d’Israël et à sa politique, à la vie des juifs en France et de par le monde, aujourd’hui ou à travers les siècles. »
  La parution d'un article de Marc Weitzmann dans Les Inrockuptibles accusant Renaud Camus d'antisémitisme lance ce que l'on appellera l'« affaire Renaud Camus ». Renaud Camus s'est défendu de ces accusations dans Corbeaux, le journal de « l'affaire », puis en 2002 dans Du sens, et enfin dans K.310, le journal de l'année 2000 (paru en 2003). Il fut soutenu, entre autres, par Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, Emmanuel Carrère, Camille Laurens et Marianne Alphant. En revanche, des éditorialistes et personnalités ont maintenu l'accusation d'antisémitisme à l'égard de Renaud Camus, quoique certains l'aient nuancée plus récemment (ainsi Jean Daniel).

  Outre ses activités d'écrivain et d'animateur culturel au château de Plieux, Renaud Camus dirige depuis 2002 le parti de l'In-nocence (dont il est président et fondateur). À l'occasion de la sortie de son livre Abécédaire de l'In-nocence, qui fera office de manifeste et de programme politique, il se déclare candidat à l'élection présidentielle de 2012. Faute des parrainages nécessaires, il appelle à voter pour Marine Le Pen, en détaillant sa position dans un article du journal Le Monde intitulé « Nous refusons de changer de civilisation ». Cette prise de position lui vaut d'être privé de son éditeur d'alors, Fayard.

   Son œuvre peut être très approximativement divisée en quatre catégories : prose « traditionnelle » (écrits de voyage, romans, récits, et surtout le considérable journal), écrits « expérimentaux » (parmi lesquels les Vaisseaux brûlés, une bonne partie demeurant inédite sur papier), écrits sur l'art et la culture, et, enfin, essais polémiques et politiques.

  Ami et disciple de Roland Barthes, dont il a suivi un temps les séminaires et qui lui a donné une préface pour Tricks, c'est autour du concept de bathmologie, « science à demi plaisante des niveaux de langage », que s'organise la plus grande part de sa réflexion. Influencé à ses débuts par le Nouveau Roman et par l'œuvre théorique de Jean Ricardou, il poursuit avec les Églogues, « trilogie en quatre livres et sept volumes » (dont le sixième, Travers, Coda, Index & Divers est paru en 2012), une entreprise pan-littéraire de fusion de la lettre et du site, de l'air et de la phrase, de l'heure et du signe. Ses Vaisseaux brûlés sont une des toutes premières exploitations littéraires des voies et moyens de l'hypertexte. Mais le grand public le connaît surtout par son journal, dont chaque année depuis 1986 donne lieu à la parution d'un volume.

  Il vit depuis 1992 au château de Plieux, dans le Gers. Son amour des « lieux » et son goût pour la topographie l'ont ainsi amené à rédiger, au cours des dernières années, des guides touristiques sur les départements du Gers, de la Lozère et de l'Hérault. Chroniqueur des usages de l'époque – qu'il nomme les « manières du temps » – et auditeur vigilant de l'évolution de la langue, il a écrit des livres sur la civilité (Éloge du paraître, Notes sur les manières du temps), la grammaire et la linguistique (Répertoire des délicatesses du français contemporain, Syntaxe ou l'autre dans la langue), mais aussi un petit essai sur l'économie (Qu'il n'y a pas de problème de l'emploi).
  Titulaire inopiné du prix « 30 millions d'amis » pour son récit Vie du chien Horla, il a aussi été candidat malheureux à l'Académie française.