Je vous propose aujourd’hui un billet d’Eric Brunet, un
des rares journalistes osant avouer qu’il est plutôt de droite !
Brunet, vous êtes comme Zlatan Ibrahimovic, vous n‘aimez pas la
France !
C’est Laurent Neumann qui parle. Neumann, c’est mon contradicteur de
gauche, tous les matins à 7h50 sur RMC. À chaque fois que je critique
l’action gouvernementale, il m’accuse de dénigrer mon pays. Mais la
France, ce n’est pas Hollande ! Pourquoi n’ai-je pas eu la présence
d’esprit de répondre à Neumann que j’aime la France plus que tout, et
que c’est pour cette raison que je ne passe rien aux socialistes ? On
m’accuse de me livrer au France bashing. Mais si je suis sévère avec
Hollande et Valls, c’est parce que la conduite des affaires publiques
est cataclysmique. C’est tout.
Ce jour-là, dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin, Laurent a des
arguments : la France va mieux. Les investissements étrangers repartent
à la hausse. Hollande et Valls ont le triomphe modeste (dans le genre «
on est sur la bonne voie, mais il ne faut pas crier victoire trop tôt
»). Mais cette fois, et une fois n’est pas coutume, je suis venu avec
des billes.
J’ai préparé mon intervention. Effectivement, une des 1500 agences de
l’État financées par le contribuable, l’agence nationale Business
France, a annoncé qu’en 2014 la France avait attiré 8 %
d’investisseurs étrangers en plus !
C’est pour ça que Neumann exulte. Jean-Jacques Bourdin me fixe dans les
yeux : “ Alors Éric, fini le french bashing ? Voici venue l’heure du
french loving ? “
Je reste calme, souriant. Je sais que ce matin je vais les surprendre,
les terrasser : contrairement à Neumann, j’ai pris la peine de lire la
totalité du rapport établi par Business France :
“Effectivement, les investissements étrangers ont augmenté de 8 % en
2014. Mais c’est très bas. Sur l’ensemble de l’Europe, ils ont augmenté
de 17 %. Certains de nos voisins ayant connu une augmentation de plus de
30 % … “
Dehors-les-socialosMes interlocuteurs renâclent. Neumann contre-attaque :
RoissyCharles-de-Gaulle est entré à nouveau dans le palmarès des grands
aéroports européens. Il m’explique que Paris est redevenu intéressant et
que les patrons américains ont un grand désir de France. Je peaufine mon
deuxième argument : “ Il est vrai qu’en 2014, la France a comptabilisé
740 projets d’installation d’entreprises étrangères : des rachats, comme
le site d’Alstom repris par General Electric ; des
implantations nouvelles ; des extensions de sites. “
Je marque un silence, puis je reprends : “ Pourtant, en 2014, la totalité
des emplois générés en France par les entreprises étrangères était de 25
000. Soit 14 % de moins qu’en 2013. »
Conclusion : l’embellie dont parlent les médias depuis trois jours est un
mensonge de plus. Les emplois générés en France par les entreprises
étrangères en 2014 sont moins importants qu’en 2013. C’est tout ce qu’il
faut retenir !
(Eric Brunet pour Valeurs actuelles).
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Un article trouvé sur Valeurs
actuelles, qui vaut le détour!
Un ami qui vous veut du mal.
Inutile de raser les murs, Bruno. Tous les copains savent depuis longtemps
que tu fais partie des dix-huit millions six cent soixante-huit
électeurs qui ont voté François Hollande le 6 mai 2012. Maintenant que
ton champion part en lambeaux, tu suis la meute dans le sens inverse, tu
voudrais effacer ce faux pas de ton curriculum vitæ. Pas d’accord, Bruno
: tu as enfanté Hollande, tu assumes.
C’est simple, l’ami, je t’accuse d’être coresponsable du chaos. Lorsqu’un
gouvernement sérieux aura remis la France sur les rails, dans quelques
années — ou dans quelques mois —, j’espère que la République te
demandera des comptes. Personnellement, j’apprécierais que tu sois
condamné à payer une forte amende assortie d’une interdiction de voter à
vie. En attendant ce jour, une question lancinante me ronge, Bruno :
pour quelles raisons précises as-tu voté Hollande en 2012 ?
Alors que toutes les nations européennes se serraient la ceinture,
pourchassaient les déficits, réduisaient la dépense publique, tu croyais
sincèrement que la France retrouverait la prospérité en taxant les
riches à hauteur de 75 % ? Tu croyais sincèrement sauver l’Éducation
nationale avec les 60 000 nouveaux postes promis par Hollande ? Tu
croyais vraiment qu’en embauchant 1000 policiers et gendarmes par an,
nous allions faire diminuer l’insécurité ? Tu croyais aussi que nous
allions inverser la courbe du chômage en finançant de coûteux contrats
de génération et des emplois aidés ?
Bruno : toi, le citoyen éclairé, titulaire d’un master d’histoire de
l’art, es-tu myope ? nigaud ? débile léger ? ou définitivement con ? La
dernière hypothèse me semble la plus vraisemblable. Ta courte vue, ton
manque de curiosité économique sont à l’image de l’immaturité de
l’électeur français. Souviens-toi : en 2012, lors d’une votation devenue
célèbre, 70 % des Suisses avaient rejeté la sixième semaine de congés
payés, estimant qu’elle pèserait trop sur l’économie de leur pays. Chez
nous, avec des électeurs de ton calibre, si Hollande avait promis trente
semaines de congés payés, et un ranch en Californie pour chaque Français,
il aurait réalisé un score de 98 % à la présidentielle.
Comment un bobo éduqué comme toi a-t-il pu gober les fariboles à dormir
debout de cet esprit mal dégrossi ? Bruno, comment as-tu pu conduire à
l’Élysée le père de ces théories économiques que Oui-Oui lui-même
n’aurait pas osé avancer ? Hollande nous a promis l’Amérique, et on va
bientôt se retrouver avec le PIB du Burkina Faso.
Les commentateurs fustigent trop souvent nos élus. Ils ont tort. Nos
politiques sont à notre image : moyens. Quand je te regarde, Bruno, je
me dis que le problème de la France, ce n’est pas l’incompétence de
Hollande, mais l’inconséquence de ceux qui l’ont élu. Toi et tes
dix-huit millions de petits copains.
(22 septembre 2014).
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Mon copain Clément
C'est bien toi ? Quelle joie de
tomber sur mon copain de terminale, dans le wagon-bar du TGV ! Je ne
l'avais pas vu depuis l'année du bac au lycée Jules-Verne de Nantes,
1983. Clément était le meilleur d'entre nous. Un ado un peu rondouillard,
certes, mal nippé, mal peigné. Mais après les cours, c'est autour de lui
que les filles s'agglutinaient. Sans doute ce côté intellectuel
tourmenté. Clément écrivait des poèmes, des romans, des BD. Il avait son
groupe de rock (les Smart Jackets), il lisait Lautréamont, Céline,
Raymond Radiguet, alors que nous, pauvres cancres, nous souffrions avec
l'auteur officiel préconisé par les programmes scolaires : Emile Zola.
Quoiqu'un peu trop bohème au goût de mes parents, Clément suscitait
l'admiration de mon père. Car même en physique et en maths, il raflait
les meilleures notes : " Il passe peut-être ses nuits à jouer de la
guitare électrique, ton Clément, mais il aura son bac haut la main !
" Il a eu une mention très bien...
Trente ans plus tard, Clément avait
toujours sa silhouette d'ado dégingandé et sa tignasse en désordre.
Accoudé au bar, il entreprit de me raconter son parcours. Après le bac,
il avait fait une école de commerce et épousé une fille de la bande, la
jolie Estelle. A l'âge de 30 ans, il était devenu responsable export
d'une PME française de composants électroniques. Et à 40, directeur
général d'une entreprise de semi-conducteurs dans l'Isère.
Mais en 2013, son employeur lança un vaste plan de réduction des
effectifs. Avant finalement de licencier ses 250 salariés. Depuis deux
ans, l'idole de mon père végétait : cabinets d'outplacement, réunions à
Pôle emploi... Il prétendait avoir envoyé près de mille CV. " Tu le
crois si tu veux : je n'ai reçu qu'une trentaine de réponses écrites.
Toutes négatives... "
En 2014, la belle Estelle était
partie à Toulouse suivre un stage d'initiation à la sophrologie. Elle
n'était jamais revenue. Le divorce était en cours. " Avec nos quatre
enfants, ça devait finir comme ça, ronchonna Clément. - Pourquoi
? - Ben... ils sont tous partis. Ma fille, Alice, est ingénieur dans la
Silicon Valley, chez Google. Elle compte y rester. Ses trois enfants ne
parlent même pas français. Mon second est chef dans un grand restaurant
de Sydney. Il revient ici tous les deux ans. Mon troisième est dans la
finance à Singapour, il va épouser une japonaise. Le plus jeune voulait
rester en France, mais il ne trouve pas de travail. Finalement, il part
la semaine prochaine à Toronto pour monter sa start-up avec deux copains...
Aucun ne reviendra jamais vivre en France. " Bien sûr, j'ai payé les consommations. (Liberté chérie, Valeurs actuelles, 30 avril 2015).