La cour d'appel de Paris a confirmé jeudi la condamnation de l'écrivain
Renaud Camus à 4.000 euros d'amende pour provocation à la haine ou à la
violence pour des propos tenus en décembre 2010 lors des « Assises
internationales sur l'islamisation » à Paris. Le cour a confirmé le
jugement rendu le 10 avril 2014, dont Renaud Camus avait fait appel.
Théoricien du « grand remplacement » (par l'immigration) qui menacerait
selon lui la civilisation française, Renaud Camus a en outre été
condamné à verser 500 euros de dommages et intérêts au Mrap (Mouvement
contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples).
« Une très violente stigmatisation des musulmans »
En première instance , la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris
avait estimé que les propos litigieux « constituent une très violente
stigmatisation des musulmans, présentés comme des voyous, des soldats,
le bras armé de la conquête », ou encore des « colonisateurs cherchant à
rendre la vie impossible aux indigènes, à les forcer à fuir, à évacuer
le terrain », « ou bien, pis encore, à se soumettre sur place ».
Le tribunal soulignait que les propos de l'écrivain dans « une
stigmatisation d'une rare outrance » présentent, « sans mesure ni
réserve autre que de pure forme », les musulmans « comme des guerriers
envahisseurs dont le seul objectif est la destruction et le remplacement
du peuple français et de sa civilisation par l'islam ».
Renaud Camus prônait une « action politique »
Devant le tribunal, Renaud Camus s'était défendu de tout appel à la
violence, prônant une « action politique », mais « sans aucunement
expliciter et développer le contenu et les modalités d'une telle action
», relevaient les juges.
Ils concluaient ainsi que l'auteur a incité « d'une manière aussi
évidente qu'irresponsable l'auditoire à résister à l'envahisseur qui
veut le soumettre et à assurer lui-même et par ses propres moyens sa
survie, dans l'urgence et sans attendre l'hypothétique action politique
vaguement annoncée par Renaud Camus ». Les motivations de la cour
d'appel n'ont pu être consultées dans l'immédiat.
Présent au délibéré, Me Pierre Mairat, co-président du Mrap (Mouvement
contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) s'est félicité de
cette décision, soulignant que les propos de Renaud Camus relèvent de
l'« exhortation à la haine ».